La prédisposition génétique représente une grande menace d'apparition d'une crise cardiaque, devant laquelle la personne concernée se sent impuissante, avec le sentiment qu'elle ne pourrait rien y changer. Or, une observation approfondie menée par des scientifiques du Massachusetts General Hospital (MGH) a montré qu'il est tout à fait possible de contrôler quelques facteurs qui augmentent les risques de crise cardiaque en changeant son train de vie au point d'atténuer la prédisposition, à savoir l'alimentation, la consommation de drogue, ou d'alcool ou l'activité physique.
Examen basé sur l'évaluation des données génétiques et cliniques
Afin de déterminer si le fait de vivre sainement peut réduire le risque génétique, l'équipe de recherche multi-institutionnelle a analysé les données génétiques et cliniques de plus de 55 000 participants dans le cadre de quatre études à grande échelle. Trois d'entre elles - l'une sur le risque d'athérosclérose dans les communautés, l'autre sur la santé du génome féminin et une autre sur le régime alimentaire et le cancer de Malmö - sont des études prospectives qui ont suivi leurs participants pendant une période allant jusqu'à vingt ans. La quatrième étude, celle de BioImage, a examiné divers facteurs de risque, notamment la présence de plaques d'athérome dans les artères coronaires.
Chaque participant a été évalué par l'équipe Kathiresan à l'aide d'un score de risque génétique. Le score était basé sur la présence ou l'absence de 50 variantes de gènes différents associés à un risque accru de crise cardiaque dans des observations précédentes. Sur la base des données recueillies au début de l'observation, les chercheurs ont utilisé quatre facteurs de style de vie définis par l'AHA - pas de consommation de cigarettes, pas d'obésité (définie comme un indice de masse corporelle inférieur à 30), activité physique au moins une fois par semaine et alimentation saine -, pour déterminer en outre un score de style de vie pour chaque participant. Cela leur a permis de diviser les populations étudiées en un mode de vie favorable (trois ou quatre facteurs de santé), moyen (deux facteurs de santé) et défavorable (un ou aucun facteur de santé).
Pour les participants aux études prospectives, l'équipe de recherche a examiné comment les risques génétiques et les facteurs liés au style de vie de chaque participant affectaient l'incidence d'infarctus, la nécessité d'une ouverture interventionnelle des artères coronaires sténosées ou la mort cardiaque subite. Parmi les participants à l'étude BioImage, les facteurs génétiques et le style de vie ont également été comparés à l'étendue de la plaque athérosclérotique dans les artères coronaires au départ.
La composante génétique a été la contribution la plus importante au risque individuel d'événements cardiovasculaires
Dans les trois études prospectives, un risque génétique plus élevé a considérablement augmenté l'incidence des événements coronariens - jusqu'à 90 % chez les personnes présentant les scores de risque génétique les plus élevés. Si des facteurs connus, tels que des antécédents familiaux positifs ou des taux élevés de cholestérol LDL, ont également été associés à un score de risque génétique accru, celui-ci a néanmoins apporté la contribution la plus importante menace individuelle d'événements cardiovasculaires. Dans le même temps, tous les facteurs d'un style de vie sain réduisent l'apparition d'infarctus. En outre, le groupe de participants ayant un mode de vie défavorable présentait des scores d'hypertension plus élevés, davantage de diabète et d'autres facteurs de risque connus au moment de l'entrée dans le projet.
Dans chaque catégorie, la présence de facteurs liés à un style de vie sain a modifié le risque d'événements coronariens à tel point qu'un mode de vie positif a pu réduire l'incidence de maladie coronariens de 50 %, même chez les personnes présentant les scores de risque génétique les plus élevés. Parmi les participants à l'étude BioImage, des causes génétiques et liées au style de vie ont été indépendamment associées à la quantité de plaques contenant du calcium dans les artères coronaires. Des facteurs de style de vie sain au sein de chaque groupe à risque génétique ont également été associés à une diminution du nombre de plaques.
M. Kathiresan, qui est également directeur de l'initiative sur les maladies cardiovasculaires au Broad Institute du MIT et professeur de médecine à la faculté de médecine de Harvard, a déclaré qu'ils allaient ensuite étudier quels facteurs spécifiques du mode de vie ont une influence particulièrement forte sur le risque. Il souhaite également mener des observations dans des groupes de population plus diversifiés, car la plupart des participants étaient blancs.
Il est toutefois important de savoir qu'on peut parfaitement éviter les problèmes cardiaques. Pour y arriver, il faut faire le choix de vivre plus sainement, comme le dit si bien un représentant de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pendant un entretien en 2015 : « La bonne nouvelle toutefois, c’est que 80% des crises cardiaques ou des AVC prématurés sont évitables. Une alimentation saine, une activité physique régulière et le renoncement aux produits du tabac sont les clés de la prévention. Il est également important de vérifier et contrôler les facteurs de risque des maladies cardiovasculaires et des AVC tels que l'hypertension artérielle, un taux élevé de cholestérol et de sucre ou le diabète. »